mercredi 28 mars 2018

Alerte Ville d’Avray 2025 : 18.000 logements, 45.000 habitants !


Le problème de la résorption de notre déficit en logements sociaux cache un autre enjeu : le devenir même de la ville à l’horizon 2025. L’arrêté de « carence » du Préfet, dont la municipalité se contente de commenter les conséquences à court terme dans la double page de VA Info de février, n’est pas l’essentiel. La loi fait obligation aux communes d’avoir pour 2025 un nombre de logements locatifs sociaux représentant 25% de l’ensemble des résidences principales (RP) de la commune. En janvier 2016 (données émanant du Préfet), Ville d’Avray comptait 4.826 RP dont 526 logements sociaux (11%) alors qu’il nous en faudrait 1.206 pour respecter strictement l’obligation des 25% avec le parc actuel… soit un déficit de 680 logements.

Mais ce chiffre, déjà conséquent puisqu’il correspondrait à un doublement de notre parc actuel de logements sociaux pour satisfaire le quota, est purement théorique : le nombre de logements à construire est bien plus important puisque toute nouvelle construction de résidences principales -sociales ou non- accroît d’autant l’assiette sur laquelle sont calculés les 25%... Pour une commune en déficit comme Ville d’Avray, la mécanique de la loi devient alors une machine infernale. En pratique, le quota des 25% ne serait atteint qu’avec la construction de 13.600 nouvelles RP (environ 800.000 m2) aboutissant à un parc total de 18.400 logements dont 4.600 logements sociaux (plus de 8 fois le niveau actuel !) et à une population totale de la ville, en retenant un coefficient d’occupation identique à celui existant de 2,5 habitant/RP, de plus de 45.000 habitants au lieu de 11.400 à ce jour.
Cet « effet de base » conduit à une évolution de la densité de la population encore plus délirante : hors forêt, la densité est actuellement de 8.300 hab/km2 et elle passerait alors à 30.000 hab/km2, loin devant Paris (21.000 hab/km2) ou même encore Bombay (22.900 hab /km2) et Shanghai (24.600 hab/km2).

Ces chiffres vertigineux ne sont que le résultat du traitement mathématique des obligations de la loi rapportées aux données de notre commune. Pour cela, nous avons supposé, prenant en compte la réalité actuelle, que l’essentiel des nouveaux logements sociaux seraient produits dans le cadre d’opérations de promotion classiques comme aujourd’hui (GECINA/Domaine de la Ronce, Nafylian/Rue de Sèvres, Ogic/Rue de Marnes, Emerige/Rue de Versailles, etc.), lesquelles doivent comprendre obligatoirement une part de 30% de logements sociaux d’après notre PLU (Plan local d’urbanisme) à titre de rattrapage progressif.
Que deux ou trois programmes « 100% HLM » (de type 3F/200 Rue de Versailles) soient réalisés ou que soient conventionnés des logements existants, l’impact sur notre résultat, sans être négligeable, ne changera pas notre interrogation sur le devenir de Ville d’Avray à l’horizon 2025. Par contre, nous avons écarté l’hypothèse peu crédible selon laquelle la ville ne construirait que du « 100% HLM », sans aucun nouveau programme privé pendant des années : il faudrait alors réaliser « seulement » 900 logements sociaux (680/+25% de 680 =170/+25% de 170, etc.) pour atteindre les 25%, équivalent alors à 30 opérations 3F/200 Rue de Versailles... A titre d’illustration, même la construction d’une « Ville d’Avray-Bis », à l’identique avec 4.826 RP qui viendraient s’ajouter aux 4.826 existantes, n’y suffirait pas avec seulement 20% du total malgré 2.000 logements sociaux ! Au-delà de l’absurde.

Evidemment, le problème ainsi posé dépasse de beaucoup le sort du programme GECINA, 125 logements dont 44 logements sociaux qui semblent si cruellement manquer à la commune et qui deviennent, dans cette perspective, plutôt dérisoires puisqu’ils ne comblent notre retard de 680 que de 13 unités (44-(125x25% soit 31) = 13).

Face à ces contraintes, la commune a construit 141 logements sociaux en trois ans (2014-2016, chiffres du Préfet), ce qui est déjà significatif pour Ville d’Avray, mais on mesure l’écart avec l’exigence des 25% et, surtout, on comprend que plus on construira plus on devra construire, sans jamais atteindre les 25%, sans emplois locaux pour les habitants, et sachant, aux dires même de Mme. Aline de Marcillac, que « notre commune reste particulièrement mal desservie par les transports en commun ». Les flux de véhicules seront augmentés proportionnellement aux nouveaux logements, des quartiers seront défigurés, la ville bouleversée, sans nous éviter des pénalités qui deviendront de plus en plus contraignantes.

Notre propos n’est pas la manifestation d’un quelconque « égoïsme local », qui refuserait de nouveaux logements sociaux voire toute nouvelle construction, mais de savoir comment notre municipalité envisage l’avenir de la ville, quel est son projet face à ces éléments ? Nous aurions aimé que, à l’occasion de l’arrêté de « carence », la municipalité présente clairement le problème plutôt que de se lamenter sur l’injustice de la pénalité financière (qui reste aujourd’hui bien inférieure par habitant au coût de 2h30 de stationnement Rue de Saint-Cloud…), et de maugréer contre des recours judicaires parfaitement légaux intentés par des riverains et des associations de défense de l’environnement qui, pour protéger « le bonheur de vivre à Ville d’Avray », tentent d’entraver l’abattage de centaines d’arbres et la démolition de maisons individuelles.

Dans une lettre au Secrétaire d’Etat chargé des territoires, Mme. le Maire dit souhaiter « la réussite d’une politique du logement qui est au cœur du contrat social dans une commune comme Ville d’Avray ». Est-ce trop demander que de connaître -en espérant qu’il existe- le projet de l’équipe municipale à l’horizon 2025 ? Où va notre ville, que sera-t-elle en 2025 ? Nos questions sont simples. Quel est en nombre l’objectif de logements à construire fixé par la municipalité : 1.000 ? 3.000 ? 5.000 logements ? Ou en m2 ? Pour une population globale de combien d’habitants : 15.000 ? 20.000 ? 25.000 habitants ? Avec quels nouveaux emplois ? Quels transports et quelles infrastructures pour accueillir les nouveaux habitants, les véhicules supplémentaires ? Comment s’articule ce projet par rapport à nos obligations en logements sociaux et quelles dérogations, indispensables à obtenir, vitales, sont en cours de négociation avec les pouvoirs publics ?

Il appartiendrait aux Conseillers municipaux de se saisir de ces questions, et à Mme. le Maire de bien vouloir éclairer nos concitoyens sur ces sujets fondamentaux et les solutions qu’elle préconise pour éviter que le piège légal des 25% ne se referme sur « Ville d’Avray 2025 : 18.000 logements, 45.000 habitants » !

Le Collectif de la Ronce poursuit son action contre la densification excessive de notre ville par le pourvoi déposé récemment au Conseil d’Etat contre le permis GECINA. Merci de nous apporter -ou de continuer à nous apporter- votre soutien.