dimanche 13 décembre 2015

Charte architecturale et paysagère : un leurre

L’annonce de l’élaboration d’une charte architecturale et paysagère, puis de l’appel à y contribuer lancé dans VA Info de novembre, avec photos en première page de fort jolies demeures suggérant le charme de notre ville et la douceur d’y vivre, peut paraître insupportable au regard des récents projets de construction dévoilés et des permis de construire accordés. Quand on sait que l’un des objectifs du Plan Local d’Urbanisme (PLU) - souligné par la première adjointe dans la livraison de juin de VA Info - est précisément de détruire ce maillage de maisons dans de nombreux quartiers pour le remplacer par des immeubles collectifs (« des opportunités nouvelles pour les propriétaires vendeurs », confie-t-elle), comment interpréter cet appel et cette Une : inconscience ou provocation ?
La première adjointe insiste du reste sur le blog politique du maire (en date du 30 novembre) en indiquant que l’offre de logements à Ville d’Avray se fera avec une « grande exigence architecturale, paysagère et environnementale ». Quel cynisme ! Ce n’est pas cette charte-poudre-aux-yeux qui permettra d’accompagner « l’évolution de la ville de manière harmonieuse » et d’émettre des propositions sur le « paysage urbain et naturel de la commune », qui puissent être prises en compte (p.5 de VA Info) puisque, sans aucun aspect contraignant selon l’aveu même de VA Info, elle ne servira en fait que d’alibi et de paravent à la politique de construction irraisonnée de la municipalité.
Elle ne peut en rien modifier ou adoucir les règles du PLU, elle détourne l’attention de l’essentiel vers le marginal.
Le risque d’une participation « alibi ». Malgré la bonne volonté de Dagovéraniens consultés souhaitant œuvrer à la préservation de notre commune, elle se réduira à une « participation-marché-de-dupes » sur des points mineurs : couleurs, matériaux, moustaches des façades des immeubles… le tout dûment canalisé par le CAUE 92, auquel a été confiée la mission de mise en place de la charte.
Le CAUE 92 (Conseil d’architecture, d’urbanisme et de l’environnement des Hauts-de-Seine) est présidé par Philippe Laurent, maire de Sceaux, et comprend dans son conseil d’administration des représentants des collectivités locales et des représentants de l’Etat, dont notre ABF (Architecte des bâtiments de France), Christian Benilan, bien connu des Dagovéraniens pour avoir donné, en tant qu’acteur de la qualité des paysages, un avis favorable sur le PLU et sur tous les projets qui lui ont été soumis, notamment le permis GECINA.
On parlera, dans les commissions, d’espaces verts, de clôtures végétalisées, de jardins partagés, alors qu’à la Ronce, une centaine d’arbres centenaires attendent d’être abattus (se reporter à notre précédent article, « Les Gardiens »), que des entités paysagères seront remplacées par un linéaire bétonné de 150 m de long et que de vastes espaces seront imperméabilisés, ruinant la biodiversité. Rue de Marnes, l’hôtel particulier Rohan Chabot sera rasé pour laisser la place à un collectif banal de 48 appartements ; rue de Versailles, on projette des appartements de luxe en visibilité immédiate du site classé des Etangs et la « maison forestière » se verra flanquée d’une opération immobilière, etc. Sur ces sujets, que dira le CAUE 92 ? Rien. Quel sera l’apport de la charte ? Nul. Mais, plus grave, elle ne pourra que s’inscrire dans les règles d’urbanisme actuelles de la ville, et donc les valider quoique puissent faire nos amis Dagovéraniens de bonne volonté. Comme si l’urgence était à une réflexion sur l’agencement des pots de fleurs dans notre commune.
De la nécessité de redessiner les enjeux véritables. Le bruit fait par la municipalité autour de la charte est une façon d’amuser la galerie pendant que s’opère le bouleversement urbain que l’on connaît. Osons détourner la formule du Président Chirac : « Notre maison brûle et nous regardons ailleurs. »
En l’état, la véritable Charte est déjà écrite, c’est le PLU qui, par son zonage et son règlement, se trouve être le maître d’œuvre de la ville.
Par contre, si le Tribunal administratif fait droit à notre demande d’annulation de ce document - ce que nous escomptons, le PLU-Charte fondamentale de l’urbanisme et de l’architecture de la commune sera à réécrire. Il faudra alors veiller à ce qu’il ne soit plus concocté par quelques-uns s’appuyant sur un prestataire de services technique pour remplir des quotas de construction, mais le fruit d’une véritable réflexion sur l’avenir de la ville menée avec les citoyens, par l’ensemble des conseillers municipaux enfin informés des enjeux du PLU.
Une charte architecturale et paysagère, non contrainte et en amont de nouvelles règles d’urbanisme, prendrait, dans ce nouveau contexte, du sens. Sous réserve, peut-être, d’un opérateur plus neutre et de l’assurance que la participation des citoyens ne soit pas traitée comme l’a été la concertation lors des deux enquêtes publiques sur le PLU et le permis GECINA.
Pour illustrer la future « charte-alibi », le bulletin municipal VA Info aurait dû présenter, plutôt que les jolies demeures symboles précitées, le projet du 200 Rue de Versailles ou le permis accordé à GECINA, qui semblent mieux traduire la contribution du maire à l’urbanisme et à l’architecture de notre cité, contribution qui, en fonction de la décision des juges du Tribunal, marquera, ou non, la structure de Ville d’Avray pour des décennies (cliquer ici).
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